Les systèmes scolaires et universitaires comme écosystèmes
Notre approche de l’histoire de l’éducation et des savoirs fait une large place à la recherche des éléments explicatifs extérieurs aux instances institutionnelles et à leur production normative ou aux seules logiques internes des champs disciplinaires en construction. Elle intègre les déterminants économiques, sociaux, culturels ou religieux et cherche à comprendre comment ces éléments interagissent, avec les contraintes fonctionnelles, pour faire système. D’où l’emploi du concept heuristique d’écosystème, appliqué aux systèmes scolaires et universitaires, pour expliquer leur dynamique ou leur stabilité sous l’action combinée de forces et d’acteurs.
Nous l’appliquons sur différents objets de recherche et plusieurs aspects du système scolaire et universitaire.
1. Interaction entre milieu économique et social et développement scolaire dans une vision spatiale et géographique. Sous l’Ancien Régime, l’école est très clairement le produit de son milieu plus que la projection de la décision d’un pouvoir central. C’est ainsi que nous développons, le concept parfois employé en Allemagne de Bildungslandschaft (paysage de formation), en le retravaillant dans un sens résolument plus spatial et géographique, à partir de l’observation empirique du réseau scolaire du Brunswick au milieu du XVIIe siècle, qui aboutira dans cet ouvrage (en préparation) :
L’historiographie considère volontiers celle-ci comme étant à l’origine de l’université moderne de recherche, sur le modèle défini par Wilhelm von Humboldt Berlin en 1810, mais dans un schéma assez peu explicatif des causes véritables de cette genèse très progressive. Notre thèse fondamentale est que la Réforme a produit, de façon non intentionnelle mais comme conséquence de ses théories sur l’état ecclésiastique et des conditions mouvementées de son émergence, un écosystème particulier qui a favorisé à la longue l’émergence de ce nouveau modèle d’université favorisant une concurrence et l’émulation de l’offre de formation à l’intérieur du corps universitaire. Il s’agit de mettre en relation les éléments d’un système complexe, dérivant d’une part des théories théologiques et philosophiques, d’autre part de l’insertion de ces théories et de ces pratiques dans le contexte socio-politique d’une Allemagne morcelée en principautés concurrentes, enfin de règles de fonctionnement (la liberté académique, les associations étudiantes) et de financement (coexistence d’enseignement public et privé) développant un modèle original par rapport à l’université ancienne ou aux collèges des nouveaux ordres enseignants catholiques. Cela produit un système dont on peut aussi discerner les éléments matériels dans la dispersion de l’université entre bâtiments communs et maisons professorales, juridiques dans le statut privilégié des étudiants et universitaires, socio-économiques dans les privilèges accordés à certaines professions ou certaines activités dont celle de logeurs que pratiquent les professeurs eux-mêmes. D’une certaine façon la ville universitaire (l’Universitätstadt), figure typiquement allemande (et parfois anglo-saxonne), tournée quasi-exclusivement vers cette fonction et l’exploitation de cette ressource, est une forme métonymique de cet écosystème, comme nous l’avons montré, dans la première des références ci-dessous :
Nous l’appliquons sur différents objets de recherche et plusieurs aspects du système scolaire et universitaire.
1. Interaction entre milieu économique et social et développement scolaire dans une vision spatiale et géographique. Sous l’Ancien Régime, l’école est très clairement le produit de son milieu plus que la projection de la décision d’un pouvoir central. C’est ainsi que nous développons, le concept parfois employé en Allemagne de Bildungslandschaft (paysage de formation), en le retravaillant dans un sens résolument plus spatial et géographique, à partir de l’observation empirique du réseau scolaire du Brunswick au milieu du XVIIe siècle, qui aboutira dans cet ouvrage (en préparation) :
- Réseaux et paysages scolaires : les écoles du duché de Brunswick-Wolfenbüttel, du comté de Blankenburg et du Dannenberg au XVIIe siècle, Wiesbaden, Otto Harrassowitz, . 1 volume, env. 400 pp. (Wolfenbütteler Forschungen) (=Politique, contrôle et réalité scolaire en Allemagne au sortir de la guerre de Trente Ans. T. II ) .
- En attendant, nous avons utilisé cette base pour traiter, en réponse à un appel à colloque, le thème de la demande ou du refus d’école par la population, en montrant que la carte géomorphologique des régions étudiées se reflétait dans celle de la structure scolaire primaire, et largement dans celle de l’acceptation de l’école et de la connaissance du catéchisme
- Communication : « Le refus de l’obligation scolaire dans l’Allemagne luthérienne au XVIIe siècle entre religion, économie et société », colloque Le refus d’école, organisé par B. Poucet, l’Atrhe et l’Université de Picardie, Amiens, 2017, 1-2 juin 2017.
- Éducation privée et pratiques préceptorales du XVe au XIXe siècle, numéro spécial, vol. 1-2, Histoire de l'Education 143-144, 2015-1 et 2 [2017]. Introduction générale : « Instruction privée et pratiques préceptorales du XVe au XIXe siècle », ibid. vol. 1, p. 9-36.
- « Instruction privée et système scolaire public : une structure éducative emboitée dans l’Allemagne luthérienne à l’époque moderne », in : ibid., vol. 1, p. 61-124.
- Participation à l’émission de vulgarisation historique de Jean Lebrun, La Marche de l’histoire, L’éducation avant notre instruction publique, épisode 2 : le précepteur, 3 septembre 2019 (https://www.franceinter.fr/personnes/jean-luc-le-cam)
- « Zur Organisation der lutherischen Lateinschule im 16. und 17. Jahrhundert als Träger der Kantorei und des Schulchors », in : Erik Dremmel, Ute Poetzsch (dir.), Choral, Cantor, Cantus firmus. Die Bedeutung des lutherischen Kirchenliedes für die Schul- und Sozialgeschichte, Halle, Verlag der Frankeschen Stiftung, 2015, p.41-71.
- « Fondations et circulations universitaires autour de la Méditerranée du Nord (XVe-XVIIe siècles) : affirmation des pouvoirs et formation des élites », Revue d’Histoire nordique, n° 22, 2017, p. 99-133.
- « Les universités saxonnes au feu de la Réforme : Wittenberg, Leipzig, Iéna, entre politique territoriale et confessionnelle », Annali di Storia delle Università italiane, 2017, 2, p. 7-33.
- Communication : « Universität und regionales Schulsystem: der Ausbau einer engeren Bindung im 17. Jahrhundert. Das Beispiel der Territorien von Holland und Niedersachsen in ihrem Verhältnis zu den Universitäten Leiden und Helmstedt. » Workshop Universität und Region Université de Bolzen/Bolsano (Italie) 27-28 novembre 2015.
- « L’inspection générale des écoles du Brunswick : une institution entre restauration et révolution (1648-1680) », in Jean-François Condette (dir.), Les personnels d’inspection. Contrôler, évaluer, conseiller les enseignants. Retour sur une histoire. France /Europe (XVIIe-XXe siècles), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017, p. 217-248.
- « L’université comme partie prenante de la décision de politique scolaire : l’exemple des pays germaniques protestants à l’époque moderne (XVIe-XVIIe s.) », in Véronique Castagnet, Caroline Barrera (dir.), Décider en éducation. Entre normes institutionnelles et pratiques des acteurs (du XVe siècle à nos jours), Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2019, p. 39-53.
L’historiographie considère volontiers celle-ci comme étant à l’origine de l’université moderne de recherche, sur le modèle défini par Wilhelm von Humboldt Berlin en 1810, mais dans un schéma assez peu explicatif des causes véritables de cette genèse très progressive. Notre thèse fondamentale est que la Réforme a produit, de façon non intentionnelle mais comme conséquence de ses théories sur l’état ecclésiastique et des conditions mouvementées de son émergence, un écosystème particulier qui a favorisé à la longue l’émergence de ce nouveau modèle d’université favorisant une concurrence et l’émulation de l’offre de formation à l’intérieur du corps universitaire. Il s’agit de mettre en relation les éléments d’un système complexe, dérivant d’une part des théories théologiques et philosophiques, d’autre part de l’insertion de ces théories et de ces pratiques dans le contexte socio-politique d’une Allemagne morcelée en principautés concurrentes, enfin de règles de fonctionnement (la liberté académique, les associations étudiantes) et de financement (coexistence d’enseignement public et privé) développant un modèle original par rapport à l’université ancienne ou aux collèges des nouveaux ordres enseignants catholiques. Cela produit un système dont on peut aussi discerner les éléments matériels dans la dispersion de l’université entre bâtiments communs et maisons professorales, juridiques dans le statut privilégié des étudiants et universitaires, socio-économiques dans les privilèges accordés à certaines professions ou certaines activités dont celle de logeurs que pratiquent les professeurs eux-mêmes. D’une certaine façon la ville universitaire (l’Universitätstadt), figure typiquement allemande (et parfois anglo-saxonne), tournée quasi-exclusivement vers cette fonction et l’exploitation de cette ressource, est une forme métonymique de cet écosystème, comme nous l’avons montré, dans la première des références ci-dessous :
- « Le poids de l'université dans la (petite) ville : un paradigme allemand. L'exemple d'Helmstedt 1576-1810. », in : Thierry Amalou, Boris Noguès (dir), Les universités dans la ville à l’époque moderne, Rennes, PUR, 2013, p. 101-156
- Coorganisation d’une Université d’été de recherche de l’Institut historique allemand à Paris (23-27 juin 2014) sur le thème Akademische Freiheit oder akademische Frechheit? Studentische Identität,universitäre Konflikte und obrigkeitlicheDisziplinierung vom Spätmittelalter biszur Gegenwart. Avec deux contributions personnelles : « Différences structurelles entre les deux systèmes d’enseignement supérieur en France et en Allemagne du XVIe siècle au XIXe siècle – pièges de vocabulaire et erreurs de perspective » ; « Réflexions et pistes de recherche sur la notion d’autorité dans l’université protestante allemande d’époque moderne ». https://dhip14.hypotheses.org/
- « Prescrire, nommer, contrôler : l’exercice pluriel et disputé des droits sur l’école et l’université dans les principautés protestantes du Saint-Empire, Séminaire de Christophe Duhamelle et Falk Bretschneider, EHESS : Droit, espaces, appartenances: étaticités fractales à l’époque moderne, 25 mars 2015.
- « Vorlesungszettel und akademische Programme. Zur Rekonstruktion des akademischen Betriebs und Lebens jenseits der Lektionskataloge: das Beispiel des Helmstedter Rhetorikprofessors Christoph Schrader (Professur 1635-1680) » in: Jan-Hendryk de Boer, Marian Füssel, Jana Madlen Schütte (dir.), Zwischen Konflikt und Kooperation, Praktiken der europäischen Gelehrtenkultur (12.-17. Jahrhundert), Berlin, Duncker& Humblot, 2016, p. 89-137.
- Les diverses formes d’« associations » et de communautés étudiantes dans l’Allemagne protestante moderne, Les « associations » d’écoliers, d’élèves et d’étudiants, de l’Antiquité à nos jours : apprendre en marge de l’institution scolaire et agir dans la cité ? Journée d’étude 8 novembre 2016, organisée par Véronique Castagnet-Lars, Université de Toulouse –Jean Jaurès, laboratoire FRAMESPA
- « La réforme des enseignements à l’université de Wittenberg (1508-1536) : une relecture », in Simona Negruzzo (dir.), 1517. Le università e la Riforma, Bologna, Il Mulino, 2018, p. 57-119.
- « L’enseignement de la prise de notes à l’université de Helmstedt au XVIIe siècle : contexte et développement de nouvelles techniques savantes dans le monde protestant allemand », 143e congrès du CTHS, La transmission des savoirs, Paris, Inalco, 23-26 avril 2018.
- « Les mutations du système de certification dans l’université luthérienne à l’époque moderne », dans Examens, grades et diplômes. La validation des compétences par les universités du XIIe siècle à nos jours, Colloque international organisé par Bruno Belhoste (IHMC) et Thierry Kouamé (LAMOP), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne avec le soutien du LabEx Hastec, de l’UMR Triangle, du LARHRA et du Centre de Recherche sur la Formation,6-8 septembre 2018.
- « Lebensläufe und Karrieren von Professoren in Leichenpredigten und akademischen Programmen : Zeugnisse von Fakten und Vehikel von Vorstellungen » in Martin Holy, Universitätsprofessoren in (Mittel-)Europa vom Spätmittelalter bis zur Frühen Neuzeit (15.–18. Jahrhundert), 10.-11. Juni 2019; Karlsuniversität, Prague
- « La construction universitaire sur site secondaire, entre jeu d’acteurs et contexte plus ou moins porteur. L’exemple quimpérois (1969-1995) », in : André Lespagnol, Mathieu Leprince (dir.), Les mutations de l’enseignement supérieur et de la recherche en Bretagne (1945-2015), Déploiement territorial, diversification et essais de structuration, postface de Christian Le Bart, Rennes, PUR, 2016, p. 117-137.
- Conférence publique donnée le 25 octobre 2019 à l’occasion de la commémoration des 50 Ans de l’Ouverture de l’IUT de Quimper : « La fondation de l’IUT de Quimper et son premier quart de siècle. Évocation à partir de documents d’archives et témoignages vidéo. »
Mis à jour le 13 avril 2021.